BJN#222 – Une étiologie majeure pour les lésions glomérulaires minimes ?

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BJN#222 – Une étiologie majeure pour les lésions glomérulaires minimes ?

Merci à Cyril Mousseaux, de Paris, membre du conseil scientifique pour ce résumé.

N’hésitez pas, si vous le souhaitez, à nous envoyer vos lectures !

Cette BJN est rédigée en rapport avec cet article : Discoveries of autoantibodies targeting nephrin in minimal change disease supports a novel autoimmune etiology publié par Andrew J.B. Watts et al. dans JASN en janvier 2022.


Introduction

Les lésions glomérulaires minimes (LGM) se caractérisent par des lésions podocytaires et une altération du diaphragme de fente. Jusqu’alors, l’étiologie sous-jacente restait inconnue en dépit de plusieurs arguments plaidant pour une cause dysimmunitaire. Parmi eux, l’efficacité relative des thérapies ciblant les lymphocytes B ou l’induction d’une protéinurie chez des souris par l’infusion d’anticorps anti-nephrine.

Matériels et méthodes

Cette étude se base sur deux cohortes américaines de patients atteints de podocytopathies. La première cohorte, multicentrique, comprend des sérums et des biopsies rénales. La cohorte de validation est la cohorte NEPTUNE (Nephrotic Syndrome Study Network) comprenant des enfants et des adultes atteints de LGM. En plus de ces deux cohortes, les auteurs disposaient de sérum de sujets indemnes et atteints de glomérulonéphrite extra-membraneuse (GEM).

A partir de ces seras, les auteurs ont développés un test ELISA reconnaissant des auto-anticorps anti-nephrine. Ils ont ainsi testé ce dosage chez des patients contrôles, atteints de GEM et donc de LGM. Les auteurs disposaient pour certains patients de seras avant et après la rémission.

Les immunofluorescences des biopsies rénales ont été relues avec un marquage dirigé contre la nephrine. Les auteurs ont utilisé la technique de microscopie à illumination structurée (MIS) qui permet d’améliorer grandement la résolution des images et de mettre en évidence précisément des colocalisations.

Résultats

Dans une cohorte de 62 patients atteints de LGM en phase active de la maladie (ratio albuminurie sur créatininurie > 3g/g), 18 patients (29%) présentaient des auto-anticorps dirigés contre la nephrine. Ce taux d’anticorps diminuait de manière significative en phase de rémission chez 11 patients (qui disposaient de sérum avant et après rémission). Les caractéristiques des patients ayant des anticorps contre la nephrine n’étaient pas différentes avec les autres patients.

Les auteurs ont identifié un sous-groupe de 9 patients pour lesquels l’immunofluorescence anti IgG est positive avec un marquage ponctiforme. A l’aide de la MIS, une colocalisation nephrine-IgG était observée chez tous ces patients. Par ailleurs, tous ces patients avaient des anticorps anti-nephrine circulants.

Enfin, les auteurs décrivent le cas d’une patiente transplantée en raison d’une LGM. Celle-ci a développé une protéinurie massive rapidement après le geste chirurgical. L’association de plasmaphérèse et de rituximab a permis de négativer la protéinurie. Cette récurrence s’associe à la présence d’auto-anticorps nephrine circulants, qui se négativent après traitement.

Conclusion

Certaines formes de LGM sont en lien avec des autoanticorps dirigés contre la nephrine. Bien qu’une preuve mécanistique reste encore à établir, des données issues de l’expérimentation animale suggère que ces autoanticorps pourraient engendrer une redistribution de la nephrine et une perturbation du diaphragme de fente.

Les plus du papier

  • Description d’un nouveau mécanisme conduisant à la LGM permettant de redéfinir cette maladie
  • Développement d’un test ELISA pour détecter les autoanticorps nephrine permettant d’envisager une utilisation en routine et d’éviter certaines biopsies rénales.
  • Validation de l’ELISA dans deux cohortes indépendantes.
  • Utilisation de techniques de microscopie optique à haute résolution (MIS).

Les critiques

  • Probable sous-estimation du nombre de patients ayant des autoanticorps : 97 % des patients testés étaient sous traitement immunosuppresseurs.
  • Etude observationnelle n’apportant pas de preuve mécanistique formelle. Mais littérature chez l’animal concordante.

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