BJN# 252 – Glucose, ISGLT2 et membrane péritonéale en DP: It isn’t a piece of cake !

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Merci à Charlotte JAULERRY, de Reims, membre du conseil scientifique pour ce résumé.

Cette BJN est en rapport avec cet article :

Dapagliflozin in peritoneal dialysis patients: a pilot study evaluating peritoneal membrane function, publié par Hamdan and al, dans le BMC nephrology en 2024.

Introduction

Les inhibiteurs des co-transporteurs glucose/sodium de type 2 ou SGLT2 sont maintenant bien connus pour leurs bénéfices chez les patients en insuffisance rénale chronique non terminale, diabétiques ou non, et en cours d’étude chez les patients hémodialysés.

Plusieurs études expérimentales ont étudié l’effet des iSGLT2 chez les animaux en Dialyse Péritonéale DP, notamment l’étude de Zhou and al en 2019, sur la diminution de l’absorption du glucose de la membrane, et par conséquence, sur l’augmentation de l’ultrafiltration chez les souris.

Cette étude avait donc montré que des récepteurs SGLT2 était exprimé sur la membrane péritonéale murine et avait également prouvé la présence de ces récepteurs sur les cellules péritonéales humaines.

Cependant, peu d’études chez l’homme n’ont étudié l’effet des iSGLT en DP.

Cette étude est donc une des premières à décrire chez l’homme, les effets des iSGLT2 sur la qualité de la membrane péritonéale, notamment du fait de l’observation du temps de transfert des solutés à travers la membrane, de l’absorption du glucose, et de l’ultrafiltration.

D’autres paramètres ont également été étudiés, notamment sur la possibilité d’un effet anti inflammatoire systémique et anti-angiogénique au niveau de la membrane péritonéale.

Méthodes

Il s’agit d’une étude pilote, interventionnelle, sur une durée de 1 mois.

20 patients ont été inclus, et ont tous eu de la dapaglifozine 10 mg/jour pendant 30 jours.

Tous les participants étaient dialysés depuis au moins 6 mois en Dialyse Péritonéale Continue Ambulatoire (DPCA) 4 échanges/jour et avait un statut de haute perméabilité au Test d’Equilibration Péritonéale (PET Test), avec un rapport de concentration de glucose dans le dialysat eu début et à quatre heures D4/D0 inférieur à 0,39 (rappel un rapport D4/D0 < 0.25 montre une dispersion du gradient donc une perte d’ultrafiltration).

Un PET TEST modifié avec 2 L de solution à 4,25% de glucose était réalisé au début et à la fin de la période étudiée. Les patients ont bénéficié du même schéma de DP durant toute la période.

Des analyses sanguines et dans le dialysat d’IL6 et de VEGF ont été également réalisées.

Les critères primaires de jugement étaient après un mois de traitement par dapaglifozine:

  1. une modification du taux de glucose D4/D0
  2. une modification du statut de perméabilité (rapport créatinine D/P)
  3. une modification du dip sodium (ou tamisage du sodium)
  4. une modification du poids du patient
  5. une effet sur l’IL6 et le VEGF

Les critères secondaires étaient : une modification de la pression artérielle, l’apparition d’infections, d’hypoglycémies, et un changement du taux de bicarbonates sanguins.

Résultats

Sur les 20 patients inclus:

13 patients ont eu une augmentation du rapport du glucose dans le dialysat D4/D0 de 0,26 à 0,31, contre 7 qui ont eu une diminution de 0,28 à 0,23, soit une augmentation médiane de 0,26 à 0,29 mais qui est non significative (p à 0,433).

9 patients ont eu une diminution du rapport du taux de créatinine D/P de 0,88 à 0,81.

Une augmentation de 0,5 a été observé sur le dip sodium (6,5 en pré traitement et 7 post traitement) mais non significative (p à 0,587).

10 patients ont présenté une diminution de leur poids de base avec une perte médiane de 3 Kg.

Une diminution non significative du taux sanguin d’IL6 a été observé et du taux intra péritonéal de VEGF (p à 0,08 et 0,349).

Concernant les critères secondaires : un seul patient a présenté une péritonite au bout de 20 jours de traitement, et il n’y a pas eu de modification des autres paramètres.

Conclusion

Cette étude ne montre pas d’augmentation significative de l’ultrafiltration chez les patients en DP sous inhibiteurs des SGLT2 mais une tendance (augmentation du rapport D4/D0, augmentation du tamisage du sodium, diminution du poids). De plus ont été observé une diminution du VEGF intra péritonéal et de l’IL 6 correspondant à un effet anti angiogénique et anti inflammatoire.

 

Les plus du papier :

Première étude à étudier chez l’homme les paramètres de dialyse et de la membrane péritonéale sous inhibiteurs des SGLT2 (études antérieures expérimentales ou observationnelles uniquement).

Les critiques :

Etude rétrospective, de faible puissance car peu de patients : peut expliquer l’absence de résultats significatifs.

Durée de 1 mois seulement et pas de groupe contrôle.

Patients qui n’avaient plus de fonction rénale résiduelle (donc peu de risque d’hypotensions ou d’hypoglycémies sous iSGLT2).

Nécessite plus d’études, de plus large ampleur, sur les effets des iSGLT2 sur la membrane péritonéale en DP.

 

 

CJN - Jeunes Néphrologues

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