BJN#122 – Biopsier une GEM ? Peut-être que ce n’est pas toujours indispensable

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BJN#122 – Biopsier une GEM ? Peut-être que ce n’est pas toujours indispensable

Noninvasive diagnosis of primary membranous nephropathy using phospholipase A2 receptor antibodies

Merci à Léonard Golbin, Néphrologue à Rennes, membre du conseil scientifique du CJN, pour cette synthèse bibliographique. Vous aussi, n’hésitez pas à nous envoyer vos lectures !

Introduction :

La Glomérulonéphrite Extra-Membraneuse (GEM), qui peut être primitive ou secondaire, est actuellement diagnostiquée par la Ponction Biopsie Rénale (PBR). Il est retrouvé chez 70 à 80% des GEM primitive un antigène ciblant une protéine podocytaire qui présente une spécificité proche de 100% : le M-type phospholipase A2 recepteur (PLA2R). Plusieurs études ont montré que les anticorps anti-PLA2R sont corrélés à la progression et à l’activité de la maladie. Cette étude se pose la question de l’intérêt de la biopsie rénale chez les patients avec une positivité des antiPLA2R.  

Matériels & Méthodes :

Tous les patients ayant eu une recherche d’Anticorps Anti-PLA2R entre janvier 2015 et juin 2018 ont été inclus dans cette étude rétrospective. Une recherche de cause secondaire était systématiquement réalisée. La recherche d’AntiPLA2R comprenait un dosage quantitatif par ELISA ainsi qu’un test par immunofluorescence (IF). La recherche était considérée comme positive lorsque le titre en ELISA était supérieur à 2 RUI/mL et que la recherche en IF était positive. Les patients avec une recherche d’AntiPLA2R et avec une biopsie rénale étaient stratifiés selon leur fonction rénale. Les patients avec une cause secondaire de GEM étaient exclus de l’analyse statistique.

Résultats :

Une recherche d’anticorps anti-PLA2R a été recherchée chez 838 patients avec 143 patients présentant des antiPLA2R positifs. Onze patients ont été exclus (7 patients transplantés et 4 où une PBR n’a pas été réalisée). Sur les 132 patients, 35 avaient une cause secondaire de GEM. L’âge médian au moment de la PBR était de 52 ans, 75% des patients étaient des hommes et 92% de race blanche. Le titre médian d’antiPLA2R était de 62RU/mL. Parmi les 143 patients, 102 avaient un titre d’Anti-PLA2R > 20 et 30 avaient un titre entre 2 et 20.

Soixante patients avaient un DFG > à 60mL/min et 37 inférieur à 60mL/min. Parmi les patients avec un DFG > à 60mL/min, la biopsie a retrouvé des lésions rénales surajoutées chez 2 patients (3,3%): 1 avait de la  glomérulosclérose segmentaire et focale et l’autre une néphropathie diabétique. Pour les patients avec un DFG < 37mL/min, la biopsie a retrouvé des lésions rénales surajoutées chez 5 patients (13.5%) : 1 avec une néphropathie tubulo-interstitielle aigue, 1 avec une nécrose tubulaire aigue, 1 avec une néphropathie diabétique, 2 avec une glomérulosclérose segmentaire et focale et 1 avec des croissants cellulaires.

Sur les 695 patients avec des antiPLA2R considérés négatifs, 348 ont eu une biopsie rénale de reins natifs avec 180 diagnostics de GEM. Parmi elles, un patient avait un dosage d’AntiPLA2R <2 mais une IF positive et un avait un dosage d’AntiPLA2R > 20 mais une IF négative. Par ailleurs, 80 patients avaient un titre ELISA d’AntiPLA2R compris entre 2 et 20 avec une IF négative et la mise en évidence de 46 diagnostics de GEM (57,5%). Finalement, 132 diagnostics de GEM chez des patients avec des AntiPLA2R négatifs en ELISA et en IF sur 266 patients testés.

Discussion/Conclusion :

Cette étude rétrospective retrouve que la biopsie rénale n’a que peu d’apport que ce soit sur le plan diagnostique, pronostique ou thérapeutique chez les patients ayant un fort taux d’anticorps anti-PLA2R et une IF positive (>20RU/mL), l’absence de cause secondaire de GEM retrouvé et une fonction rénale préservée avec un DFG > 60mL/min.

Points forts :

  • Résultats forts chez les patients avec des antiPLA2R positifs (ELISA > 2 associé à une IF positive) et un DFG > 60mL/min
  • La place de la biopsie rénale dans la GEM reste intacte chez les patients avec un DFG < 60mL/min (plusieurs cas avec des conséquences thérapeutiques chez ces patients-là) ou avec un résultat non consensuel d’AntiPLA2R

Points faibles :

  • Etude rétrospective

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