BJN#226 – Mieux connaitre les facteurs de risques de mortalité liés à l’arrêt précoce de dialyse

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BJN#226 – Mieux connaitre les facteurs de risques de mortalité liés à l’arrêt précoce de dialyse

Merci à Simona Boncila, néphrologue à Martigues, membre du conseil scientifique pour ce résumé.

N’hésitez pas, si vous le souhaitez, à nous envoyer vos lectures !

Cette BJN est rédigée en rapport avec cet article: Temporal changes and risk factors for death from early withdrawal within 12 months of dialysis initiation—a cohort study, publié par Jenny H.C. Chen et al dans Nephrology, Dialysis and Transplantation en Avril 2022.

Introduction :

La mortalité est élevée durant la période qui suit l’initiation de la dialyse chez les patients avec MRC terminale. L’arrêt de dialyse est une cause majeure de mortalité précoce, attribué à des causes médicales ou psycho-sociales.  Les facteurs de risques associés à l’arrêt précoce de dialyse lors la première année sont incertains.

L’objectif primaire de l’étude est d’observer la tendance de la mortalité attribuée à l’arrêt de dialyse précoce dans la première année de dialyse. L’objectif secondaire est  de déterminer les facteurs  de risques de mortalité associés à l’arrêt de dialyse.

Matériel et méthode:

Etude de cohorte utilisant les données du registre australien et néo-zélandais : ANZDATA  pour analyser  la mortalité due à l’arrêt précoce de dialyse chez les patients australiens débutant la dialyse entre 2005 et 2018.

Résultats :

Parmi les 32274 patients inclus,  3390 (11%) sont décédés dans les 12 mois suivant l’initiation de la dialyse ; 1225 décès (36%) sont dues à l’arrêt de dialyse, dont  484 (14%) arrêts pour cause psycho-sociales et 741 (22%) cause médicale.

Les facteurs de risques associés à une augmentation de la mortalité à l’arrêt précoce  de dialyse sont: l’âge avancé, le cathéter veineux central comme voie d’abord, la prise en charge tardive, la présence d’une maladie cérébro-vasculaire. L’obésité et l’ethnie asiatique  sont associés à un faible risque.

Les facteurs de risque associés à un arrêt de dialyse précoce dus à des facteurs psycho-sociaux sont le sous-poids et le statut économique élevé et ceux dus à des causes médicales sont: la maladie vasculaire périphérique et les maladies pulmonaires chroniques.

La mortalité précoce due à l’arrêt de dialyse  est semblable à la mortalité pour cause cardio-vasculaire durant la première année de dialyse.

Conclusions :

L’arrêt de dialyse est responsable de plus de 30% de décès précoce dans la première année de dialyse, une tendance constante sur les dernières 20 années.  Beaucoup de facteurs de risques entrainant l’arrêt de la dialyse sont communs  aux causes médicales ou psycho-sociales et sont liés à des marqueurs de fragilité.  Une information plus détaillées des risques, des bénéfices de la dialyse et des mesures conservatrices devrait  accompagner la décision dans le choix de traitement.

Les plus de l’article :

Avec l’accès facile à la dialyse un nombre croissant de patients âgés, plus fragiles  avec  IRCT sont considérés pour débuter la dialyse. L’initiation de la dialyse est significativement associée au déclin de l’état général du patient âgé.  La fragilité de ces patients n’est pas évaluée. L’article attire l’attention sur le besoin de développer des outils et des scores adaptées à l’évaluation de la fragilité de nos patients insuffisants rénaux chroniques et insiste sur le fait de tenir compte de cette évaluation de fragilité dans le processus de choix d’un traitement par dialyse ou conservateur.

Le risque d’arrêt de dialyse pour motif médical est doublé chez les patients avec un antécédent de cancer.  Du fait de l’IRCT, les patients cancéreux ont souvent un accès limité à la chimiothérapie. Ce sous-type de population devrait donc être mieux évalué.

Pour limiter le nombre d’arrêt de dialyse en raison de la morbidité liée au traitement par dialyse,  ils proposent d’allouer des ressources afin de financer l’organisation des soins palliatifs pour les patients qui souhaiteraient en priorité la qualité de vie versus la survie en dialyse.

Les limites de l’article :

L’étude a été réalisée sur une base de donnée australienne et néo-zélandaise, qu’il est difficile  d’extrapoler  à une population européenne, même si  les donnés sont  comparable à celles des registres canadiens  et américains.

Les patients dialysant  moins de 90 jours n’ont pas été tous inclus, du fait d’un chevauchement entre l’IRA et l’IRC. L’exactitude dans les déclarations des centres de dialyse n’a pas été vérifiée.

On note l’absence du recueil des facteurs psycho-sociaux, des troubles cognitifs et de  la sévérité des comorbidités, ainsi que l’absence de données concernant le choix du traitement conservateur avant la dialyse ou la possibilité d’accéder à des soins palliatives.

Qu’en est-il en France ? :

Dans une étude française établit en 2013 à partir du registre REIN sur un suivi entre 2002 et 2011 d’une cohorte de 63311 patients dialysés : 23463 (37%) sont décédés dans un délai médian de 15 mois.  15%  des décès sont  arrivées  après l’arrêt de la dialyse, dans un délai médian de 9 jours (écart interquartile : 5-27). Les patients décédés après arrêt de dialyse sont  plus âgés (78 ans versus 76 ans) que ceux décédés sans interruption de dialyse. Les motifs d’arrêt de dialyse( renseigné dans  plus de 90 % des cas) sont: refus du patient de poursuivre la dialyse 17 %, complication médicale 55 %, les deux causes dans 5 % des cas et autres causes 7 %.

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