BJN#162 – TREAT, la fin d’une idée préconçue… ça fait 10 ans !

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BJN#162 – TREAT, la fin d’une idée préconçue… ça fait 10 ans !

Cet article du BJN est rédigé en rapport avec les références bibliographiques suivantes :

Pfeffer MA, Burdmann EA, Chen CY, Cooper ME, de Zeeuw D, Eckardt KU, Feyzi JM, Ivanovich P, Kewalramani R, Levey AS, Lewis EF, McGill JB, McMurray JJ, Parfrey P, Parving HH, Remuzzi G, Singh AK, Solomon SD, Toto R; TREAT Investigators. A trial of darbepoetin alfa in type 2 diabetes and chronic kidney disease. N Engl J Med. 2009 Nov 19;361(21):2019-32. doi: 10.1056/NEJMoa0907845. Epub 2009 Oct 30. PMID: 19880844.

Lien vers l’article : A trial of Darbepoetin Alfa in type 2 diabetes and chronic kidney disease


Merci à Magalie Geneviève, Néphrologue à Périgueux, membre du Comité Scientifique du CJN, pour cette synthèse bibliographique. Vous aussi, n’hésitez pas à nous envoyer vos lectures !

Introduction

Diabète et insuffisance rénale chronique sont deux pathologies qui coexistent fréquemment. L’anémie aggrave le pronostic de ces pathologies. L’objectif de l’étude Trial To Reduce Cardiovascular Events with Aranesp Therapy (TREAT) était d’évaluer si l’utilisation d’ARANESP chez les patients ayant une anémie atteints d’une insuffisance rénale chronique non dialysé et un diabète de type 2 diminuait la mortalité, le risque cardio-vasculaire, la survenue d’IRC terminale.

 

Matériels et méthodes

Essai international, randomisé, en double aveugle,  ARANESP contre placebo, mené dans 623 centres répartis dans 24 pays, entre août 2004 et décembre 2007.

Incluant des patients diabétiques de type 2 ayant une IRC définie par un DFG estimé selon MDRD entre 20 et 60 ml/min/1,73m2, une anémie <11 g/dl et un coefficient de saturation de la transferrine >15%.

Critères d’exclusion : HTA non contrôlée, greffe rénale, traitement par ASE dans l’année…

La dose d’ARANESP était déterminée par un algorithme afin d’obtenir une cible d’hémoglobine à 13 g/dl.

Les patients du groupe placebo recevaient en thérapie de sauvetage de l’ARANESP uniquement si l’hémoglobine était en deçà de 9 g/dl et réinstauration du placebo dès que l’hémoglobine était supérieure à 9 g/dl.

Le critère de jugement principal était un critère composite cardiovasculaire décès toutes causes ou survenue d’un événement cardio-vasculaire non létal, ou un critère composite rénal décès ou évolution vers une IRC terminale.

 

Résultats

4038 patients ont été inclus dont 2012 patients dans le groupe DARBEPOIETINE ALFA.  Le suivi médian était de 29 mois.  La durée médiane du diabète était de 15,4 ans et l’HbA1c médiane de 7%.

Bénéfice sur l’hémoglobine (12,5 g/dl vs 10,6 g/dl, p<0,001) et sur le besoin transfusionnel (14,8% vs 24,5%, p<0,001).

Pas de différence entre le groupe DARBEPOIETINE ALFA versus placebo (31,4% vs 29,7%, p=0,41) dans la survenue du critère de jugement principal.

Par contre, la survenue d’un AVC était 2 fois supérieure dans le groupe DARBEPOIETINE ALFA (5 vs 2,6% p<0,001).

Pas de différence concernant la survenue d’un décès ou d’une IRC terminale (32,4% vs 30,5%, p=0,29).

Nette amélioration sur la fatigue avec le score FACT avec une augmentation de 4,2+/-10,5 points vs 2,8 +/-10,3 points, p<0,001).

Pas de différence de TA systolique entre les 2 groupes mais différence de TA diastolique (73 mmHg vs 71 mmHg, p<0,001).

Les événements thrombo-emboliques veineux (41 vs 23, p=0,02) et artériels (178 vs 144, p=0,04) étaient plus fréquents dans le groupe DARBEPOIETINE ALFA.

Pas de différence statistique sur l’incidence des cancers.

Conclusion

Chez les diabétiques ayant une insuffisance rénale chronique et une anémie, l’ARANESP ne réduisait pas l’incidence des critères composites cardio-vasculaire et rénal. L’incidence des AVC était augmentée, sans HTA.

Les plus du papier

1er essai contrôlé EPO contre placebo

Les critiques

L’hémoglobine est naturellement plus basse chez les femmes et les afro-américains et donc l’hémoglobine cible aurait du être adaptée en conséquence.

L’hémoglobine cible de 13 g/dl ne conduit-elle pas le praticien à prescrire une dose d’EPO pour atteindre cette cible possiblement toxique ?

Difficultés d’extrapolations des résultats à un autre groupe de patient.

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