BJN#91 – Hypertension : aller chez le coiffeur est plus efficace qu’aller chez le médecin !

archives/4948

BJN#91 – Hypertension : aller chez le coiffeur est plus efficace qu’aller chez le médecin !

A Cluster-Randomized Trial of Blood-Pressure Reduction in Black Barbershops

Merci à Aurélien Lorthioir, Néphrologue à Paris et membre du conseil scientifique du CJN, pour cette synthèse bibliographique. Vous aussi, n’hésitez pas à nous envoyer vos lectures !

Introduction

Aux Etats-Unis, la mortalité cardiovasculaire est plus élevée chez les hommes noirs que chez les autres groupes ethniques. Cela s’explique en partie par des consultations moins fréquentes chez le médecin, et par un traitement de l’hypertension (HTA) moins fréquent ou moins efficace. L’objectif de cette étude originale est de montrer que le contrôle de l’HTA peut être amélioré en allant à la rencontre des patients dans des lieux « non médicaux », ici des salons de coiffure pour homme de la communauté noire.

 

Patients/matériels et méthodes

Dans le comté de Los Angeles, 52 salons de coiffure de la communauté noire ont été sélectionnés et randomisés en 2 groupes :

  • Dans le groupe « Intervention » (n=28 salons, 132 clients inclus) les barbiers recevaient une formation sur l’HTA et des pharmaciens spécialisés, formés à l’HTA, venaient à la rencontre des clients, dans le salon. Ils y mesuraient la pression artérielle (PA), prescrivaient le traitement médicamenteux (dans le cadre d’un accord de collaboration avec les médecins participants), surveillaient sur place les paramètres biologiques classiques (ionogramme, créatinine). Les pharmaciens suivaient un algorithme d’aide à la prescription qui les incitait (sans les obliger) à prescrire en première ligne une bithérapie « IEC + amlodipine » ou « ARA2 + amlodipine », puis en 3ème ligne le diurétique indamapide.
  • Dans le groupe « Contrôle » (n=24 salons, 171 clients inclus) les barbiers encourageaient leurs clients à modifier leur mode de vie et aller voir leur médecin (qui était libre dans la prescription des traitements anti-hypertenseur).

Les participants étaient des hommes noirs, âgés de 35 à 79 ans, fréquentant régulièrement le salon de coiffure (en moyenne toutes les 2 semaines, depuis plus de 10 ans), et avec une PA sysolique ≥ 140 mmHg lors des 2 visites de sélection. Le critère principal était la réduction de la pression artérielle systolique à 6 mois.

 

Résultats

A l’inclusion, la PA systolique moyenne était de 152,8 mmHg dans le groupe intervention et de 154,6 mmHg dans le groupe contrôle. À 6 mois, la PA systolique moyenne a diminué de 27,0 mmHg (à 125,8 mm Hg) dans le groupe intervention et de 9,3 mm Hg (à 145,4 mm Hg) dans le groupe contrôle; la réduction moyenne était de 21,6 mm Hg plus élevée avec l’intervention (intervalle de confiance de 95%, 14,7 à 28,4, p <0,001). Le pourcentage de patients avec une PA < inférieure à 140/90 mmHg était de 89.4% des participants du groupe intervention contre 32.2% des participants du groupe témoin (P <0,001). Dans le groupe intervention il y a eu 3 cas d’insuffisance rénale aigue (IRA) sous indapamide, non graves et réversibles à l’arrêt, et pas d’IRA dans le groupe contrôle.

Image black barber

Image 2 black barber 

Conclusion

Chez des clients de salon de coiffure pour hommes noirs souffrant d’HTA, la prise en charge médicamenteuse de l’HTA, instaurée et suivie au sein du salon de coiffure, par des pharmaciens spécialisés, associées à la promotion de la santé par les barbiers, a entraîné une réduction plus importante de la PA, que la promotion de la santé et les encouragements à voir le médecin traitant par les barbiers.

 

Les plus du papier

– Etude originale

– Très bonne conception méthodologique

– Montre l’intérêt d’inciter à la prescription des bithérapies d’emblée dans l’HTA

 

Les critiques

– Suivi court

– 2 groupes très différents : il aurait été intéressant de soumettre les médecins traitant au même respect de l’algorithme de prescription : dans ce cas la différence entre les 2 groupes aurait elle été aussi importante ?

Partager cet article


CJN - Jeunes Néphrologues

GRATUIT
VOIR