BJN – #98 Quand le VHC n’est plus rédhibitoire : vers une extension du pool de donneur en transplantation rénale ? 

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BJN – #98 Quand le VHC n’est plus rédhibitoire : vers une extension du pool de donneur en transplantation rénale ? 

 

Twelve-Month Outcomes After Transplant of Hepatitis C–Infected Kidneys Into Uninfected Recipients: A Single-Group Trial

Merci à Charlotte Lohéac, Néphrologue à Paris et membre du Conseil Scientifique du CJN, pour cette synthèse bibliographique. Vous aussi, n’hésitez pas à nous envoyer vos lectures !

Introduction

Il existe une grave pénurie d’organes en transplantation rénale à l’échelle mondiale. Les délais d’attente pour les transplantations rénales de donneurs décédés dépassent 5 ans dans de nombreuses régions, et 5% à 8% des patients éligibles meurent chaque année sur la liste d’attente. Pourtant, environ 800 reins provenant de donneurs infectés par le virus de l’hépatite C (VHC) ont été éliminés aux États-Unis en 2016, sans compter ceux non proposés pour le don d’organe dont le nombre est difficile à quantifier.

Bien que les organes provenant de donneurs infectés par le VHC n’aient été transplantés que chez des sujets présentant une infection préexistante, les médicaments anti-VHC à action directe atteignent des taux de guérison supérieurs à 95% avec des effets secondaires bien tolérés, élargissant ainsi le pool d’organes disponibles.                      En 2017, ce même groupe avait rapporté des résultats à 6 mois pour les 10 premiers receveurs VHC – de reins VHC + (D+/R-), tous guéris et ayant une bonne fonction du greffon. Malgré ces résultats favorables à court terme, les principaux paramètres à moyen terme, tels que la guérison durable du VHC et la fonction du greffon sur un an, restent inconnus.

 

Les objectifs de l’étude étaient de déterminer les résultats du traitement du VHC et les effets indésirables dans une cohorte élargie de 20 patients, de déterminer la fonction du greffon et la qualité de vie des patients.

 

Patients/matériels et méthodes

Il s’agit d’une étude monocentrique qui a inclus 20 patients VHC- agés de 45 à 60 ans sans donneur vivant potentiel ayant reçu le rein d’un donneur VHC+ de génotype 1.  Ils ont tous été traités par elbasvir-grazoprévir au troisième jour de la transplantation.

Tous les receveurs ont reçu une dose de 100 mg de grazoprévir et de 50 mg d’elbasvir au 3ème jour de la transplantation en cas de PCR VHC positive puis pendant 12 semaines en cas de VHC sans résistance NS5A ou gazoprevir + elbasvir + ribavirine pendant 16 semaines en cas de résistance NS5A. Le traitement d’induction comportait corticoides + thymoglobuline et le traitement d’entretien était à base de tacrolimus + MMF + corticoides.

Le critère de jugement principal était la guérison du VHC. flow chart cl

Les critères de jugement secondaires étaient 1) les scores de qualité de vie au moment de l’inscription et après la transplantation 2) la fonction rénale post-transplantation, comparée à un échantillon appareillé 1 :5 de receveurs transplantés avec des reins VHC négatifs.

 

Résultats

pop clL’âge moyen des participants était de 56,3 ans (SD, 6,7), 70% étaient des hommes et 40% étaient noirs.

Les 20 participants ont tous guéri du VHC.

Les complications hépatiques (5 patients avec élévation transitoire des transaminaese) et rénales ont été transitoires ou ont été traitées avec succès.  Un patient a présenté une protéinurie avec une biopsie rénale en faveur d’une HSF. L’évolution a été favorable sous bloqueur du SRAA.

Aucun patient n’a présenté de rejet d’allogreffe. Trois patients ont développé des DSA de novo.

 

Les scores moyens de qualité de vie physique (Physical Component Summary (PCS)) et mentaux (Mental Component Summary (MCS))  ont diminué à 4 semaines; Les scores PCS ont ensuite augmenté au-delà des valeurs pré-transplantation, tandis que les scores MCS sont revenus aux valeurs de base.

 

Les GFR estimés étaient similaires entre les participants THINKER et les receveurs appariés de reins VHC-négatifs à 6 mois (médiane: 67,5 vs 66,2 ml / min / 1,73 m2; IC  95% 4,2 à 7,5 ml / min / 1,73 m2) ) et 12 mois (médiane: 72,8 contre 67,2 ml / min / 1,73 m2; IC 95%: 7,2 à 9,8 ml / min / 1,73 m2).

 

Conclusion

Les auteurs montrent un taux de guérison de 100% avec une seule série de traitements antiviral malgré une immunosuppression intense.

Un seul événement indésirable grave est survenu (une protéinurie jugée possiblement liée au VHC et une amélioration substantielle après le traitement).

La qualité de vie physique autodéclarée s’est améliorée par rapport aux niveaux avant la transplantation et la qualité de vie mentale était similaire aux niveaux avant la transplantation.

Les 20 receveurs présentaient une excellente fonction rénale.

 

Les plus du papier

Première étude à montrer une guérison de 100% du VHC après transplantation d’un rein  VHC+ à un donneur VHC-

Pourrait permettre une expansion du pool de donneurs potentiels en rein et pourquoi pas d’autres organes (cœur, poumon ?)

Bonne tolérance et efficacité

Les critiques

Effectif faible, étude monocentrique

Etude américaine avec explosion du nombre de toxicomanes IV au cours des dernières années : nombres de donneurs potentiels en France ?

Génotype 1 du VHC uniquement

15% de DSA de novo au cours de la première année : effet à long terme ?

Il existe une grave pénurie d’organes en transplantation rénale à l’échelle mondiale. Les délais d’attente pour les transplantations rénales de donneurs décédés dépassent 5 ans dans de nombreuses régions, et 5% à 8% des patients éligibles meurent chaque année sur la liste d’attente. Pourtant, environ 800 reins provenant de donneurs infectés par le virus de l’hépatite C (VHC) ont été éliminés aux États-Unis en 2016, sans compter ceux non proposés pour le don d’organe dont le nombre est difficile à quantifier.

Bien que les organes provenant de donneurs infectés par le VHC n’aient été transplantés que chez des sujets présentant une infection préexistante, les médicaments anti-VHC à action directe atteignent des taux de guérison supérieurs à 95% avec des effets secondaires bien tolérés, élargissant ainsi le pool d’organes disponibles.                      En 2017, ce même groupe avait rapporté des résultats à 6 mois pour les 10 premiers receveurs VHC – de reins VHC + (D+/R-), tous guéris et ayant une bonne fonction du greffon. Malgré ces résultats favorables à court terme, les principaux paramètres à moyen terme, tels que la guérison durable du VHC et la fonction du greffon sur un an, restent inconnus.

 

Les objectifs de l’étude étaient de déterminer les résultats du traitement du VHC et les effets indésirables dans une cohorte élargie de 20 patients, de déterminer la fonction du greffon et la qualité de vie des patients.

 

Patients/matériels et méthodes

Il s’agit d’une étude monocentrique qui a inclus 20 patients VHC- agés de 45 à 60 ans sans donneur vivant potentiel ayant reçu le rein d’un donneur VHC+ de génotype 1.  Ils ont tous été traités par elbasvir-grazoprévir au troisième jour de la transplantation.

Tous les receveurs ont reçu une dose de 100 mg de grazoprévir et de 50 mg d’elbasvir au 3ème jour de la transplantation en cas de PCR VHC positive puis pendant 12 semaines en cas de VHC sans résistance NS5A ou gazoprevir + elbasvir + ribavirine pendant 16 semaines en cas de résistance NS5A. Le traitement d’induction comportait corticoides + thymoglobuline et le traitement d’entretien était à base de tacrolimus + MMF + corticoides.

Le critère de jugement principal était la guérison du VHC.

Les critères de jugement secondaires étaient 1) les scores de qualité de vie au moment de l’inscription et après la transplantation 2) la fonction rénale post-transplantation, comparée à un échantillon appareillé 1 :5 de receveurs transplantés avec des reins VHC négatifs.

 

 

 

Résultats

L’âge moyen des participants était de 56,3 ans (SD, 6,7), 70% étaient des hommes et 40% étaient noirs.

 

 

Les 20 participants ont tous guéri du VHC.

 

Les complications hépatiques (5 patients avec élévation transitoire des transaminaese) et rénales ont été transitoires ou ont été traitées avec succès.  Un patient a présenté une protéinurie avec une biopsie rénale en faveur d’une HSF. L’évolution a été favorable sous bloqueur du SRAA.

Aucun patient n’a présenté de rejet d’allogreffe. Trois patients ont développé des DSA de novo.

 

Les scores moyens de qualité de vie physique (Physical Component Summary (PCS)) et mentaux (Mental Component Summary (MCS))  ont diminué à 4 semaines; Les scores PCS ont ensuite augmenté au-delà des valeurs pré-transplantation, tandis que les scores MCS sont revenus aux valeurs de base.

 

Les GFR estimés étaient similaires entre les participants THINKER et les receveurs appariés de reins VHC-négatifs à 6 mois (médiane: 67,5 vs 66,2 ml / min / 1,73 m2; IC  95% 4,2 à 7,5 ml / min / 1,73 m2) ) et 12 mois (médiane: 72,8 contre 67,2 ml / min / 1,73 m2; IC 95%: 7,2 à 9,8 ml / min / 1,73 m2).

 

Conclusion

Les auteurs montrent un taux de guérison de 100% avec une seule série de traitements antiviral malgré une immunosuppression intense.

Un seul événement indésirable grave est survenu (une protéinurie jugée possiblement liée au VHC et une amélioration substantielle après le traitement).

La qualité de vie physique autodéclarée s’est améliorée par rapport aux niveaux avant la transplantation et la qualité de vie mentale était similaire aux niveaux avant la transplantation.

Les 20 receveurs présentaient une excellente fonction rénale.

 

Les plus du papier

Première étude à montrer une guérison de 100% du VHC après transplantation d’un rein  VHC+ à un donneur VHC-

Pourrait permettre une expansion du pool de donneurs potentiels en rein et pourquoi pas d’autres organes (cœur, poumon ?)

Bonne tolérance et efficacité

Les critiques

Effectif faible, étude monocentrique

Etude américaine avec explosion du nombre de toxicomanes IV au cours des dernières années : nombres de donneurs potentiels en France ?

Génotype 1 du VHC uniquement

15% de DSA de novo au cours de la première année : effet à long terme ?

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