BJN#152 – Mangez des pommes !
Cet article du BJN est rédigé en rapport avec les références bibliographiques suivantes :
Bach KE, Kelly JT, Palmer SC, Khalesi S, Strippoli GFM, Campbell KL. Healthy Dietary Patterns and Incidence of CKD: A Meta-Analysis of Cohort Studies. Clin J Am Soc Nephrol. 2019 Oct 7;14(10):1441-1449. doi: 10.2215/CJN.00530119. Epub 2019 Sep 24. PMID: 31551237; PMCID: PMC6777603.
Lien vers l’article : Healthy Dietary Patterns and Incidence of CKD : A Meta-Analysis of Cohort Studies
Merci à Aurélien Lorthioir, néphrologue à Paris et membre du comité scientifique du CJN, pour cette synthèse bibliographique. Vous aussi, n’hésitez pas à nous envoyer vos lectures !
Introduction
On a décrit ces dernières années les bénéfices d’un régime alimentaire sain (de type DASH ou régime méditerranéen par exemple) sur la réduction des risques de maladie cardiovasculaire et de cancer. On ne sait pas si de tels régimes peuvent diminuer le risque de maladie rénale chronique, en population générale. Cette méta-analyse a évalué l’association entre les habitudes alimentaires et l’incidence de la maladie rénale chronique chez les adultes.
Patients/matériels et méthodes
Il s’agit d’une méta-analyse qui a identifié les études potentielles par une recherche systématique de MEDLINE, Embase et de références identifiées via d’autres sources. Les études éligibles étaient des études de cohorte prospectives et rétrospectives incluant des adultes et des enfants sans maladie rénale chronique où les habitudes alimentaires étaient le principal facteur analysé. L’incidence de la maladie rénale chronique (DFGe < 60 mL/min/1.73 m²) devait faire partie du critère principal de jugement. Deux auteurs ont indépendamment extrait les données, évalué le risque de biais et la certitude des preuves à l’aide de l’échelle Newcastle – Ottawa et de GRADE.
Résultats
Sur 11208 études identifiées, 11098 ont été éliminées à la lecture de l’abstract et 109 ont été lues intégralement, parmi lesquelles seules 18 ont été retenues. Ces 18 études de cohorte prospectives totalisent 630108 adultes (pas d’enfants) avec un suivi moyen de 10,4 ± 7,4 ans. Les études incluses présentaient un risque de biais généralement faible. La qualité de la preuve (selon les critères GRADE) était modérée pour l’incidence de la MRC et faible pour le déclin du DFG et pour l’incidence d’une albuminurie. Dans les études incluses les régimes alimentaires sains incitaient généralement à consommer plus de légumes, de fruits, de légumineuses, de noix, de grains entiers, de poisson et de produits laitiers à faible teneur en matière grasse, et à consommer moins de viandes rouges et transformées, de sodium et de boissons sucrées. Un régime alimentaire sain était associé à une incidence plus faible de MRC (OR 0,70 [IC 95%, 0,60 à 0,82] ; I2 = 51% ; huit études) et à une incidence d’albuminurie (OR 0,77, [IC 95% CI, 0,59 à 0,99] ; I2 = 37% ; quatre études). Il ne semblait pas y avoir de lien significatif entre les habitudes alimentaires saines et le déclin du DFGe (OR 0,70 [IC 95%, 0,49 à 1,01] ; I2 = 49%, quatre études).
Conclusion
Un régime alimentaire sain peut prévenir l’insuffisance rénale chronique et l’albuminurie.
Les plus du papier
- Méta analyse rigoureuse qui respecte les critères de qualité de ce type de travail
Les critiques
- Les régimes ne contiennent pas toujours les mêmes conseils : si c’est assez homogène pour les fruits et légumes, il y a beaucoup de différences d’un régime à l’autre pour les produits laitiers et la viande rouge
- La plupart des études ont été réalisées aux Etats Unis : les résultats ne sont peut être pas généralisables aux autres pays