BJN – #100 Hyponatrémie : Top des patients les plus et les moins rapides et qui méritent une bonne correction

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BJN – #100 Hyponatrémie : Top des patients les plus et les moins rapides et qui méritent une bonne correction

Risk Factors and Outcomes of Rapid Correction of Severe Hyponatremia

Merci à Mickael Bobot, Néphrologue à Marseille et membre du Conseil Scientifique du CJN, pour cette synthèse bibliographique. Vous aussi, n’hésitez pas à nous envoyer vos lectures !

Introduction

L’hyponatrémie reste un des troubles hydro-électrolytiques les plus fréquents en hospitalisation et est grevée d’une mortalité élevée. Une correction rapide expose au risque de démyélinisation osmotique de pronostic neurologique péjoratif.

Les guidelines Américaines préconisent une vitesse de correction < 8 mEq/L/24h, alors que les guidelines Européennes préconisent une correction < 10 mEq/L sur les 24 premières heures puis 8 mEq/L/24h.

Les rares études s’étant intéressé aux facteurs de risque de correction rapide et de démyélinisation osmotique étaient de faible effectif et avec peu de données d’imagerie.

Objectif : Chez les patients ayant présenté une hyponatrémie sévère, identifier les facteurs de risque de correction rapide et de démyélinisation osmotique.

 

Patients/matériels et méthodes

Extraction rétrospective sur codages de 7 hôpitaux de Pennsylvanie entre 2001 et 2017

Critères d’inclusion : Patients > 18 ans hospitalisés pour hyponatrémie sévère (<120 mEq/L)
Critères d’exclusion :
– Pas de natrémie rapportée dans les 48h post-admission
– Glycémie > 300 mg /dL

La correction de l’hyponatrémie était considérée comme rapide si supérieure à 8 mg/kg/24h.

La démyélinisation osmotique était définie par une image compatible à l’IRM (avec relecture par 3 néphrologues).

 

Résultats

1718 patients inclus

606 (41%) et 390 (26%) patients ont eu une correction >8 mEq/L et >10 mEq/L en 24h respectivement; 166 (12%) des 1346 patients avec des données de natrémie sur 48h ont eu une correction >18 mEq/L en 48 heures

 

Facteurs de risque et facteurs protecteurs de correction rapide de l’hyponatrémie (cf tableau) :

Facteurs de risque Facteurs protecteurs
Sexe féminin : OR 1.49

 

Traitement dans un centre universitaire : OR 0.70
Natriurèse < 30 mEq/L : OR 1.58

 

ATCD d’hyponatrémie : OR 0.62
Schizophrénie : OR 2.24

 

Natrémie plus haute à l’entrée : OR 0.90 pour 1 mEq/L de Na+
  Traitement par anti-aldosterone : OR 0.48
  Age plus élevé : OR 0.98

 

 

Incidence et facteurs de risque de démyélinisation osmotique :

natrém_e mb295 patients (20%) ont eu une IRM cérébrale durant le suivi, avec 9 patients (0.6%) montrant des signes radiologiques de démyélinisation osmotique. 1 patient avait une démyélinisation osmotique sur l’IRM à l’admission.

Sur les 8 (0.5%) patients ayant développé une démyélinisation osmotique, 7 (88%) ont eu une correction de la natrémie > 8 mEq/L/24h (cf figure – Evolution initiale de la natrémie des 9 patients avec démyélinisation).

 

Chez ces patients ayant eu une démyélinisation osmotique, étaient associés : une hypovolémie (dans 75% des cas), une potomanie à la bière (63%), une hypokaliémie (63%), une addiction à l’alcool (50%), une dénutrition (50%), un traitement par diurétique thiazidique (25%).

3 patients ont reçu du sérum salé à 3% pour des symptômes neurologiques sévères.

Pour ralentir la correction, du soluté glucosé à 5% a été administré chez 3 patients et de la desmopressine chez 1 patient.

5 patients ont récupéré sans séquelle neurologique, 2 patients sont décédés (sans lien avec l’hyponatrémie), et 2 ont été perdus de vue.

 

Conclusion

Parmi les patients ayant présenté une hyponatrémie sévère, 41% ont présenté une correction rapide.

Presque tous les patients ayant développé une démyélinisation osmotique ont eu une correction rapide.

 

Les plus du papier

  • Très grande cohorte avec de nombreuses IRM cérébrales disponibles
  • Permet d’identifier les patients à haut risque

Les critiques
– Etude rétrospective basée sur des codages : possible sous-estimation du nombre d’hyponatrémies et de démyélinisations
– Natriurèse manquante chez de nombreux patients
– Population essentiellement caucasienne
– Facteurs de risque des 1ères 24-48 premières heures étudiés uniquement (effet des corrections rapides tardives ?)

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